Philosophie & valeurs

1. Les valeurs fondamentales de notre pédagogie

 

A. La notion de respect

 

La défense des valeurs au sein de notre institution comporte trois axes :

  • Le respect de la dignité humaine et des droits universels de l’homme,
  • Le respect de la diversité culturelle,
  • Le respect des environnements naturels.

C’est en s’attachant et en défendant ces droits que nous accordons à la personne handicapée le statut de « personne » à part entière. Ainsi, toute action éducative devra se faire en accord avec ces fondements mêmes de notre association.

 

B. La notion d’adulte

 

Les personnes handicapées mentales restent considérées, pour la plupart, comme d’éternels enfants et l’image qu’elles ont d’elles-mêmes peut correspondre à ce stéréotype.

Le travail va donc consister à réhabiliter la personne handicapée adulte dans son véritable statut aux yeux des familles, des travailleurs sociaux et de l’environnement social.

Ce travail se base essentiellement sur l’estime de soi. Elle est un des noyaux du développement harmonieux de l’individu1. Infantiliser la personne handicapée, c’est refuser qu’elle accède à un développement de son Soi.

 

C. La reconnaissance de la personne handicapée

 

Chaque personne doit être considérée comme un individu à part entière capable d’évoluer physiquement et psychiquement. Un des postulats de la psychologie2 est que toute personne a une structure de personnalité qui définit son mode de fonctionnement, ses modes de défense…

Dès lors, aussitôt que l’on considère une personne handicapée comme une personne à part entière, plus rien ne s’oppose à la reconnaissance de capacités d’évolution des adultes souffrant de déficience mentale.

Ainsi, cette reconnaissance guidera notre action vis-à-vis de la personne handicapée.

Outre cette capacité d’évolution, la personne doit se voir reconnaître le droit d’exprimer ses choix, de prendre la parole, à l’autonomie, à l’intimité...

Un subtil équilibre doit être recherché entre droits et devoirs, intérêts personnels et collectifs.

 

D. La participation

 

Une volonté d’efficacité nous a souvent amené à agir « à la place » des personnes handicapées plutôt qu’avec elles. L’identité de nos résidents passe par la nécessité d’accéder à différents niveaux de la vie institutionnelle : les décisions, les rôles, la répartition des tâches...

Le principe de participation s’intègre également aux actes élémentaires de la vie quotidienne: se laver, s’habiller, se nourrir...

 

E. La responsabilisation

 

Se voir imposer une mesure judiciaire de tutelle peut être, dans un premier temps, ressentie comme aliénante pour une personne handicapée.

Le travail éducatif doit consister à dépasser une mesure juridique en conscientisant la personne handicapée sur sa responsabilité vis-à-vis des autres, de la collectivité et de lui-même.

C’est un apprentissage sur les droits, les devoirs, les comportements socialement acceptables et les conséquences des actes sur l’environnement.

 

F. Le respect de l’intimité

 

La surprotection de la personne handicapée a souvent entraîné manque de respect pour son intimité et a outrepassé le principe fondamental de sécurité. Les quelques exemples concrets sont les portes des toilettes et des salles de bain entrouvertes, les douches collectives, les soins médicaux dispensés devant l’entourage...

Le système de vie en institution doit veiller à donner la possibilité aux résidents de se créer des moments et des lieux d’intimité dans un respect mutuel.

 

G. L’évolution de l’environnement

 

L’évolution de la personne handicapée est liée à une évolution de l’environnement. Il faut donc innover, aménager, transformer et adapter l’environnement tant éducatif que matériel en prenant garde de conserver des points de repère structurants. C’est l’ensemble des observations individuelles et collectives qui va déterminer les facteurs de changement de l’environnement.

 

H. L’autonomie et l’intégration sociale3

 

« L’autonomie est un processus dynamique, un droit pour la personne handicapée de choisir et de décider en fonction de ses capacités restantes promues au maximum et de bénéficier d’une aide adaptée variable en fonction de son handicap »

 

Par cette définition, nous percevons l’autonomie comme un processus évolutif, s’appliquant à tous les niveaux (individuel, familial, au sein de la société) et reposant sur quatre droits : le choix, l’autodétermination, la participation et la responsabilité.

Un juste et subtil équilibre doit être recherché afin que l’encadrant ne réalise pas tout à la place de la personne handicapée et évite que celle-ci ne sollicite trop l’encadrant.

Il est donc possible, à tous les niveaux, que la personne handicapée tende à l’autonomie et à une relation harmonieuse avec son corps, son foyer, sa famille, la communauté et la société.

 

A cet effet, certains principes de base doivent être pris en considération par l’ensemble des encadrants de l’association « Ensemble »:

 

Au plan général :

  • Accepter la personne handicapée comme telle,
  • Adopter le principe de solidarité solidaire,
  • Reconnaître le droit à la dignité,
  • Offrir des moyens afin de permettre à la personne handicapée de vivre et d’agir.

 

Corps et esprit ; ce qui signifie pour la personne handicapée :

  • Avoir le droit et l’accès aux soins médicaux, paramédicaux et à l’assistance journalière,
  • Avoir le droit à une information adaptée,
  • Avoir le droit d’établir des relations personnelles et affectives,
  • Avoir le droit à la communication.

 

Foyer et famille :

  • Avoir le droit à une relation familiale et à l’intimité familiale.

 

Communauté et société :

  • Se rapprocher dans la société de membres conscients des problèmes entraînés par le handicap et des avantages offerts tant par l’autonomie de vie au niveau individuel que collectif.

 

I.  Les besoins des personnes

 

Adapter un programme pédagogique et dégager des moyens éducatifs demande une identification des besoins de la personne.  Ainsi, en se référant à la théorie de Jean-Pierre Pourtois4, nous pouvons dégager quelques pistes de compréhension des besoins des personnes handicapées. Le développement harmonieux de la personne n’est possible que si les besoins d’une personne sont comblés. A partir de ce modèle de compréhension, nous poussons notre réflexion concernant « le manque » au niveau des besoins de la personne handicapée.

Une série non exhaustive de repères guidera dès lors nos actions éducatives :

 

  • Besoin d’affection : recevoir et donner toute marque d’affection et de chaleur,
  • Besoin de contacts sociaux : établir des échanges avec l’entourage,
  • Besoin de sécurité : points de repère stables dans l’environnement, stabilité des encadrants...,
  • Besoin émotionnel : offrir la possibilité d’exprimer ses sentiments avec d’autres personnes, de ressentir des émotions,
  • Besoin cognitif : l’accès à la connaissance et à l’apprentissage,
  • Besoin d’appartenance : à son groupe, à sa famille, à ses racines, à la société.

 

L’identification des besoins décrits ci-dessus ne se veut pas exhaustive mais elle offre au professionnel des références stables durant son approche quotidienne.

 

 

[1] Stern, Pourtois et Desmet, 1997

[2] Bergeret, 1982

[3] Inspiré du rapport 1994 « Transition vers l’autonomie » du groupe de  recherche « Hélios II » de la C.E.E

[4] Pourtois et Desmet, 1997

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